Retour sur l’évolution d’un métier en pleine mutation et réponses aux principaux clichés autour du CHO.
1/ Le CHO, un job de nana
Penser le futur du travail n’est nullement réservé à la gente féminine et avoir un chromosome Y n’est nullement antinomique avec essayer de permettre à ses collaborateurs de s’épanouir. Effectivement, au démarrage la thématique a été portée par une majorité de femmes. Si vous analysez les métiers émergents (outre ceux « tech »), c’est souvent le cas, le développement durable à ses débuts par exemple. Car il faut se risque à sortir du moule de la « carrière » classique. Quoi qu’il en soit, la fonction devenant de plus en plus stratégique, aujourd’hui on tend vers la parité.
2/ Le CHO, un métier de start-up !
Complètement faux ! Je crois qu’il s’agit là de la pire ineptie sur le sujet. A plusieurs titres.
– Si le métier de CHO (nommé ainsi) est né chez google, des entreprises françaises comme Boiron ont une fonction similaire depuis plus longtemps que les années de vie de google.
– Vous croyez sérieusement que les start-ups ont l’argent pour payer un CHO temps plein quand elles courent après le cash ?
– Effectivement, il y a quelques start-ups qui ont un CHO et ce sont elles que vous voyez à la télé et dans les médias. La raison ? Il est plus facile pour TF1 d’aller filmer chez eux que dans un grand groupe… D’ailleurs il est plus facile de filmer la mise en place d’un cours de yoga que la réflexion autour de l’accompagnement des managers vers de nouvelles pratiques managériales !
– D’ailleurs, quand on regarde les raisons d’échecs des start-ups : le manque de marché, le manque de cash et des problème d’équipes…Si elles avaient toutes un CHO, cela ne serait probablement pas le cas…
3/ Le CHO, le tapis qui recouvre le cadavre
Quel défaitisme que de penser ça. Dans ce cas : on ne fait rien ? Car ils sont nombreux ceux qui souffrent au travail aujourd’hui. D’ailleurs les scandales se multiplient dans nos entreprises françaises.
Effectivement, un CHO ne rendra pas les 250 000 collaborateurs d’une entreprise heureux. Il suffit qu’un chef tyrannique oppresse une équipe et que la parole ne se soit pas libérée pour qu’un salarié vive un enfer au quotidien.
Cependant, la mise en place d’un CHO marque le droit « de ne pas souffrir au boulot » et l’amélioration d’un système existant.
C’est d’ailleurs exactement l’inverse de ce que l’on pense. Il est courageux d’oser mettre en place un CHO. Nous le voyons au quotidien, c’est libérer la parole des salariés et questionner le système existant. Etre humble devant un futur du travail complexe.
4/ Le CHO, un animateur baby-foot ?
Hé bien… Il coûte cher l’animateur. Car le CHO n’a pas de moyenne d’âge 25 ans mais plutôt 40. Car le CHO a généralement managé avant. Car le CHO a généralement une connaissance fine de l’équipe. Car le CHO est capable de porter des valeurs tant auprès des salariés que de la direction. Si sa mission est d’animer le tournoi de baby-foot, cela fait cher le comptage de points !
5/ Le CHO, le hack des DRH
Plusieurs fois j’ai entendu « le CHO, c’est le bon volet des DRH ». Effectivement, nous avons dans le club des DRH qui veulent rendre à leur métier ses lettres de noblesse et redevenir plus Humaine que Ressources. Mais le CHO est très loin de n’être qu’une fonction RH.
La fonction est encore protéiforme et vient parlier les déficiences dans l’entreprise. Le seul point commun aux CHO est de toujours s’interroger à l’impact d’un changement sur les salariés et à l’amélioration du bien-être.
Pour exemple : nous avons au sein du club des CHO des membres issus des Facilities. A la base responsables de l’espace, ils ont eu à cœur de le penser POUR les salariés, de fil en aiguille leur périmètre s’est élargi.
Nous avons également, au sein du club, des CHO issus du Digital. La transfo digitale de leur groupe impactant la culture d’entreprise et personne n’ayant pris la mesure des conséquences, ils sont là pour penser au salarié.
6/ Le CHO un métier de « djeuns » qui n’ont pas compris la complexité du monde du travail
« Moi, monsieur, j’ai managé pendant 20 ans ! » « Et moi, monsieur, 15 ans que je suis DRH ». Une discussion sur LinkedIn hier prêtait à sourire. Le passé pour anticiper l’avenir.
Bien sûr, l’expérience compte mais un peu d’humilité face à demain, une génération nouvelle arrive et elle remettra précisément ces années de management « purement descendant » en question. Il sera d’ailleurs plus facile pour les nouveaux « managers » d’interagir avec eux que pour les anciens de se transformer.
Nous l’indiquions plus haut : le CHO n’est pas nécessairement jeune, mais il ose remettre en cause ce qu’on lui a appris et accompagne les managers.
7/ Le CHO, un métier de stagiaire
C’est vrai, regardez les offres ! Effectivement, dans les start-ups…
L’erreur est de penser que dans toutes les entreprises on choisit la dénomination « CHO ». Hé non. La notion de bonheur est encore mal appréhendée en France. En anglais le mot « happiness » n’a pas la même connotation. De fait, en France on marche sur la pointe des pieds pour l’employer. C’est tendre le bâton pour se faire battre.
De fait, on choisit multiple périphrases ! Dans l’absolu, peu importe. Responsable de la culture d’entreprise, responsable QVT, responsable RH, responsable de la transformation, responsable de l’expérience employé.
La quasi intégralité des groupes du CAC40 travaillent avec nous et ont des collaborateurs qui s’engagent pour essayer d’améliorer les choses en interne. Bizarrement, vous n’avez pas vu les offres passer ? Hé oui, les postes sont souvent pourvus en interne ou alors il ne s’agissait pas de cette terminologie exacte.
8/ Le CHO, un métier éphémère
Il s’agit d’un buzz passager ! Pour être honnête, je ne sais pas si le métier va perdurer ou disparaître. L’enjeu est le même que pour la thématique du développement durable ou du digital. L’objectif est que tout le monde s’en empare. Nous serions heureux que de ne plus exister car l’ensemble des entreprises se serait emparé de la thématique.
Une chose est sûre, il reste encore de la marge ! Aujourd’hui nous notons que les équipes se « staffent ». Nos CHO d’il y a un an ont aujourd’hui des équipes de 2 à une dizaine de personnes. Leur périmètre s’élargit et ils travaillent à la croisée de plusieurs métiers.
9/ Le CHO, la symbolique d’une génération capricieuse
« A notre époque on avait le goût du travail. De nos jours, ce n’est plus pareil. Le CHO c’est de la poudre aux yeux pour répondre aux caprices des jeunes ». Bien sûr, on peut rester sur ses croyances, ou alors on va dans le sens du mouvement.
Effectivement, la génération qui arrive avec son outil digital en main sait que travail ne rime pas nécessairement avec tyrannie. Elle peut d’ailleurs partager l’ambiance dans sa société en un clic ! Et, même si certains s’en désolent, ce sont eux qui feront le travail de demain. Et cette génération te demandera « plus ».
Aujourd’hui, on ne reste plus dans une entreprise « par loyauté ». Demain, finies les carrières linéaires. De fait, ne rien faire pour son salarié, c’est risquer de perdre les meilleurs éléments. Finalement, mettre en place quelqu’un qui pilote l’attention aux salariés, ce n’est pas si cher payer pour améliorer ta marque employeur.
10 / Pas besoin de CHO ! Nous on fait du CA !
Face à ce positionnement, jamais nous ne rentrons dans le débat. Cela nous va bien. Ceci dit, discutons ensemble dans 5 ans.
Pour conclure cet article un peu long mais qui marque 2 ans d’observations, une chose est sûre : en 2018, les réactions des publics ont littéralement changées lorsque nous intervenons en conférences. Un peu comme face au digital, on nous avoue « être dépassé ». On nous dit comprendre qu’il va falloir changer mais sans savoir par où commencer. Et il s’agit là d’un marqueur fort. D’une prise de conscience généralisée.
En septembre, pour faire face à la demande nous allons agrandir l’équipe. Si vous souhaitez rejoindre le Club, que vous soyez CHO, RH, Managers, Office manager, peu importe, n’hésitez pas à nous en informer dès maintenant.
Prochaine rencontre du Club : le 10 octobre 2018. Pour les adhésions : anne.leblanc@loptimisme.com
Pour les demandes de conférences & interventions : rose@loptimisme.com