Voici un article publié par Olivier Toussaint sur LinkedIn.
Formation « Chief Happiness Officer » en 2 jours. Cela semble ne choquer personne… 1 ou 2 jours, et vous gagnez une « attestation » stipulant e vous avez les cartes en main pour devenir CHO : êtes-vous sérieux ? Pensez-vous vraiment que ce métier s’apprend en 2 jours ?
Si je vous proposais un diplôme « Chief Digital Officer » en 2 jours, je vous semblerais crédible ? Non. Alors arrêtons de proposer ces formations qui décrédibilisent le métier.
CHO : une fonction aux enjeux multiples
Ce n’est pas parce que vous vous formez pendant 2 jours à l’utilisation du quelques outils numériques que vous connaîtrez les tenants et aboutissants du métier de CDO (Chief Digital Officer), de la même façon : vous ne connaitrez pas les enjeux du métier de CHO en 2 jours.
Je ne remets évidemment nullement en cause le contenu de ces « formations » surement très intéressant. La bienveillance reste de mise. On y acquiert des outils, on y rencontre d’autres personnes dans le même mindset, on y avance sur son projet personnel en entreprise. Mais arrêtons de croire qu’il s’agit là d’un sésame pour devenir CHO.
Acceptez de jouer le jeu
Souvent ces diplômes rassurent : j’ai payé quelques centaines d’euros (voir milliers d’euros), me voici donc légitime pour postuler à un poste de CHO. Vous l’étiez probablement tout autant avant !
Nous avons interrogés les RH qui nous entourent et qui viennent de recruter un CHO. Ils sont unanimes. Non, posséder un tel diplôme ne rentre nullement en compte dans la décision d’embauche. « Ce qu’on recherche, c’est avant tout une personnalité et des compétences métiers acquises au fil des années ».
Le métier de CHO est un métier non normé qui peut dépendre de la DG, des RH, de la direction communication et parfois même être un électron libre. S’agissant dans la quasi intégralité des cas d’une ouverture de poste, le nouveau venu adapte donc son métier à la culture d’entreprise. Il vient avec des atouts et une offre, à l’employeur de décider si cela colle. Le reste s’apprend au fil de l’eau.
Où apprendre le métier ?
Alors où se former me direz-vous. Nul doute que certaines universités ajouteront bientôt un module à leurs cursus mais pour l’heure cela n’existe pas. Profitez-en ! C’est aujourd’hui que ces postes sont occupés par des personnes de conviction. Que vous ayez 5, 10, 15 ou même 20 années d’un cursus classique, vous pouvez devenir CHO, c’est ce que nous constatons au sein du club. Ex RH, ex dir com, ex dir stratégie, ex Google, ex ONU, ex startup, ex banque, ex artiste… Rien d’homogène. Votre personnalité est votre valeur ajoutée.
Le CHO qui prend ses fonctions est recruté pour une proposition globale, pas pour un papier obtenu en 2 jours. D’ailleurs, l’employeur qui veut changer la politique de sa société n’embauchera surement pas quelqu’un lui expliquant avoir obtenu son diplôme en 2 jours, vous vous en doutez : c’est s’auto-décrédibiliser et ne pas comprendre l’ampleur du poste.
Si nous voulons que le métier de CHO gagne ses lettres de noblesse et ne soit pas vu comme un métier un peu fumeux, un peu léger, pas très crédible alors il est important de ne pas dévaloriser le métier en proposant ce type de formation « express ».
La fonction s’écrit au fil de l’eau et si nous réunissons chaque mois les CHO et ceux qui mettent en place ces pratiques en interne, c’est pour cette raison !
PS : J’ai voulu écrire cet article un peu provocateur dans le but de lancer un débat. J’ai donc choisi un angle tranché. Il ne s’agit évidement pas de dire que toutes les formations pour devenir CHO sont « nulles » ou « inutiles ». Simplement qu’elles sont insuffisantes si elles ne sont pas enrichies par une expérience de terrain et par l’expérience de la vie ; Un « savoir-être » acquis au fur et à mesure des années qui, pour moi, surpasse tous les diplômes et les formations que nous pourront inventer…
Qu’en pensez-vous ?