Cumuler différentes activités par choix plus que par nécessité, c’est le quotidien de milliers de slasheurs aujourd’hui en France. Cette tendance de fond est surtout incarnée par les générations X et Y, et pourrait rapidement se généraliser.
Slasheurs, multipotentiels, pluriactifs, qui sont-ils ?
Importé des pays anglophones, le slashing recouvre plusieurs formes : cumuler différents métiers, un métier et une passion, avoir eu plusieurs vies professionnelles, etc. Ce phénomène apparaît dans une société en pleine mutation : flexibilité du travail, précarité du marché, développement des nouvelles technologies, mais également une recherche de sens et d’épanouissement professionnel.
Selon une étude réalisée par le Salon SME de 2016, les pluriactifs seraient plus de 4 millions en France, et représenteraient 16% de la population active. La nouveauté réside dans le fait qu’ils seraient 70% à slasher par choix.
Plus récemment, une enquête Météojob a révélé que 47% des personnes sont prêtes à cumuler plusieurs emplois (enquête menée en septembre 2018 sur un échantillon de 130 000 internautes inscrits sur la plateforme). Pour 63% des répondants, l’objectif est d’apprendre plus de choses et de réorienter sa carrière. Pour 40% il s’agit de donner plus de sens à sa vie professionnelle.
Marielle Barbe l’auteur du livre « Profession slasheur : cumuler les jobs, un métier d’avenir », se définit elle-même comme slasheuse assumée. A la fois coach/formatrice/auteur/conférencière, elle a choisi de « ne plus se couper les ailes » pour pleinement se réaliser. Pour elle il n’y a pas un slasheur, mais des slasheurs. Toutefois ils ont tous un point commun : ils ne veulent plus s’ennuyer dans leur travail et refusent de subir cette situation.
La génération slasheur est-elle attractive pour les entreprises ?
Aujourd’hui les entreprises exigent de leurs collaborateurs plus d’agilité et d’innovation. Il faut savoir s’adapter, rebondir, être créatif, … Les start-up l’ont rapidement compris et intègrent quasi systèmatiquement à leurs offres d’emploi les termes de polyvalence, d’autonomie et de créativité. Si l’on regarde de plus près, les slasheurs cultivent eux-même une grande adaptabilité et réactivité, une soif d’apprendre et une meilleure connaissance de leurs possibilités et limites. Ils correspondent parfaitement au profil tant attendu par l’entreprise de demain !
Un slasheur épanoui connaît son mode de fonctionnement et sera toujours à la recherche de l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, entre job passion et job raison, entre sécurité et prise de risque.
Le pluriactif n’est pas juste un « touche-à-tout », il développe ses compétences dans de multiples activités, et est doué dans plusieurs domaines.
Enfin, un des sujets majeurs de notre société est la quête de sens et d’épanouissement dans son travail. Pour y répondre, le pluriactif décide de choisir ses missions, ses clients, son cadre et son ryhtme de travail. Il développe une deuxième activité passion, si la première n’est pas totalement satisfaisante.
Il y a un réel enjeu dans les entreprises où le gâchis de talents est énorme (étude menée par Ticket for Change sur le gâchis de talents en France). Sur 94% de Français qui ont envie d’agir pour contribuer à résoudre un enjeu de société, seuls 20% passent à l’action.
Faute de terrain d’expérimentation, on observe donc des besoins non satisfaits, et une multitude de potentiels non exploitée.
Comment ce phénomène redéfinit l’emploi ?
Plus qu’une simple mode, le slashing redéfinit le marché du travail.
Alors qu’auparavant il était coûtume d’opposer freelancing, entrepreneuriat et salariat, aujourd’hui ces espaces temps et travail cohabitent. Par exemple, un chef de projet informatique peut cumuler son job et lancer une activité de menuiserie, être serveur/professeur de salsa, coach/photographe, …
Ainsi, une étude prospective réalisée par un groupe de chercheurs sur les tendances du futur du travail propose 4 grands scenarii à horizon 2030, avec une place prépondérante pour les slasheurs. Dans le scénario « hybridation », les pluriactifs sont devenus la norme.
Partons du principe que chaque salarié est un slasheur qui s’ignore. Il n’a plus qu’à développer ses multiples talents pour devenir un être entier et pleinement épanoui. Apportant ainsi à sa structure une vision nouvelle, plus ouverte sur le monde, sur ses capacités à se réaliser et à se connecter aux autres.
Ne serait-ce pas là le rôle de l’entreprise de demain : aider à rêvéler les talents de chacun ? Pour qu’ensemble nous participions à écrire le futur du travail.